Les dragons nordiques : Nidhogg, Jormungandr, Fafnir et symbolisme

Il existe de nombreuses sources dans la mythologie nordique sur les dragons. Parmi les plus célèbres, la Voluspa (Völuspá), le premier poème de l’Edda, le cycle de Volsung (une série d’histoires sur la mythologie nordique écrites en Islande) et Gesta Danorum (chronique de Saxo Grammaticus sur les Danois).

Trois dragons s’illustrent dans ces légendes scandinaves : Nidhogg, le dragon qui ronge les racines d’Yggdrasil, l’arbre-monde, Jormungandr, un serpent géant qui entoure Midgard, si grand qu’il peut mordre sa queue, et Fafnir, qui n’est pas né dragon mais l’est devenu. Bien que beaucoup d’autres dragons sans nom soient mentionnés dans ces écrits, concentrons-nous sur ces trois dragons que la littérature scandinave a rendu populaires, ainsi que sur leur symbolisme.

Origines des dragons nordiques

On ne sait pas jusqu’où remontent les versions nordiques des mythes du dragon, les légendes étant transmises oralement bien avant leur consignation par écrit par les érudits chrétiens. Une théorie est qu’ils ont été adoptés de la mythologie chrétienne après que la religion monothéiste se soit propagée aux cultures qui sont entrées en contact avec les Vikings.

Il y avait de nombreuses similitudes entre la représentation chrétienne des dragons et les dragons nordiques. Cependant, au bout du compte, nous ne savons pas d’où vient le mythe des dragons. Ils peuvent avoir surgi indépendamment dans différentes cultures anciennes telles que les sociétés chinoise, grecque et sumérienne. L’explication la plus probable de la similitude de ces histoires est la découverte occasionnelle de fossiles de dinosaures dans le monde entier.

Toutefois, à moins que les dragons ne soient originaires indépendamment de la mythologie nordique, ils étaient probablement le produit de l’influence chrétienne. Après tout, les Vikings étaient en contact intense avec cette religion dans toute l’Europe. En effet au milieu du 11e siècle déjà, la plupart des Vikings s’étaient déjà convertis au christianisme.

Les dragons dans la mythologie nordique

La mythologie nordique est une tapisserie complexe de mythes et d’histoires impliquant des dieux, des déesses, des géants, des nains et, bien sûr, l’humanité. Il regorge également d’histoires et de descriptions de créatures incroyables qui stimulent l’imagination, comme le cheval à huit pattes d’Odin, Sleipnir, et le monstrueux loup géant Fenrir, fils de Loki. De toutes les bêtes légendaires de la mythologie nordique, les dragons demeurent peut-être les plus redoutés et les plus vénérés.

Le monstrueux loup géant Fenrir, fils de Loki.
Le monstrueux loup géant Fenrir, fils de Loki.

Pour les Vikings, les dragons nordiques étaient des créatures puissantes qui incarnaient le chaos et la destruction. La simple vue d’un dragon laissait présager l’arrivée de temps violents et tumultueux. C’est pourquoi des figures de dragons ornaient les drakkars des Vikings qui terrorisaient les côtes de l’Europe du Nord, et plus loin encore.

Comme de nombreux systèmes de croyance à travers l’histoire, la mythologie nordique possède d’importants éléments de bien contre le mal. Mais les Vikings croyaient également à l’équilibre. Et leurs mythes reflètent la bataille constante entre l’ordre et le chaos, la vie et la mort, la destruction et la renaissance. Il existe trois contes nordiques importants impliquant des dragons. Et chacun transmet un message vital que tous les Vikings ont pris à cœur.

Nidhogg : le dragon des morts

Nidhogg et Yggdrasil

Yggdrasil est l’arbre de vie nordique qui soutient les Neufs Royaumes de l’univers nordique dans ses branches. Il est l’un des symboles les plus importants de la mythologie nordique.

Sous sa base, au plus profond des confins froid et sombres de ses racines tordues et étendues, habite le puissant dragon Nidhogg. Les Vikings le connaissaient comme « celui qui frappe avec malveillance Â». Des écailles étincelantes recouvraient son corps gigantesque et deux cornes surmontaient son crâne effilé. Il ne possédait que deux pattes à l’avant et une très longue queue serpentine pour se mouvoir entre les racines d’Yggdrasil. Sa gueule était parsemée de crocs acérés et sous ses ailes de chauve-souris, il transportait les cadavres de criminels.

En effet, Nidhogg était très étroitement associé aux morts, en particulier aux meurtriers, aux adultères et à d’autres types de mécréants. Il était décrit comme se régalant de leurs cadavres qu’il cachait sous ses ailes.

Nidhogg et le monde viking

En plus de présider les criminels vikings, Nidhogg a joué un rôle important dans la vision de l’existence du peuple nordique. Les Vikings croyaient que leur univers dépendait de l’équilibre pour exister. Pour qu’il y ait du bien, il faut aussi du mal. Si l’ordre doit exister, il doit en être de même pour le chaos. À l’échelle du cosmos nordique, tout ce qui pesait en faveur de la loi et de l’ordre était contrebalancé par Nidhogg. C’est pourquoi on décrivait souvent Nidhogg comme rampant parmi les racines d’Yggdrasil et le rongeant constamment.

L’un des signes du Ragnarök est le jaunissement de l’arbre de vie dû la mastication permanente par Nighogg de ses racines vitales. Après quoi le dragon des morts émerge des profondeurs à la tête d’une armée de géants. Nidhogg survit au Ragnarök pour incarner le mal qui doit équilibrer le bien dans le nouveau monde.

Nidhogg, le dragon des morts, rongeant les racines d'Yggdrasil.
Nidhogg, le dragon des morts, rongeant les racines d’Yggdrasil.

Jormungandr : le dragon du Ragnarök

L’un des mythes nordiques, sans doute le plus important, impliquant un dragon est la légende de Jormungandr. Ce serpent de mer gigantesque est connu comme la créature prophétisée pour tuer le puissant Thor lors des événements cataclysmiques du Ragnarök.

C’est à cause de cette prophétie qu’Odin a jeté Jormungandr dans les vastes mers qui encerclaient le royaume de l’humanité, Midgard. Malheureusement pour les Vikings, Jormungandr a atteint des proportions si épiques qu’il pût s’enrouler autour de Midgard et serrer queue entre ses puissantes mâchoires.

L’un des signes de l’apocalypse nordique, le Ragnarök, est le moment où Jormungandr libère sa queue et se lance dans une quête préétablie pour détruire Asgard, le royaume des dieux.

Au bout compte, Jormungandr meure d’un coup fatal porté par le marteau de Thor, Mjolnir, lors du Ragnarök. Mais le venin mortel du dragon finira par tuer le puissant dieu du tonnerre incapable de faire plus de neuf pas avant de succomber.

Dans ce conte, le dragon représente la destruction apocalyptique. Cette destruction concernait non seulement du monde tel que les Vikings le connaissaient, mais aussi de leurs dieux bien-aimés. Il représente également la renaissance, l’apparition d’un nouveau monde sur les cendres de l’ancien et l’arrivée de nouveaux dieux.

Jormungandr, le dragon du Ragnarök, aussi appelé Serpent de Midgard. Par Edouard Groult.
Jormungandr, le dragon du Ragnarök, aussi appelé Serpent de Midgard. Par Edouard Groult.

Fafnir : le dragon de la cupidité

Comme tant de contes de la mythologie nordique qui ont des fins tragiques, l’histoire de Fafnir le dragon implique le dieu malicieux Loki.

La transformation de Fafnir en dragon

Il y avait un riche roi nain nommé Hreidmarr qui avait trois fils : Reginn, Otr et Fafnir. Tous les quatre étaient des sorciers qui avaient le pouvoir de changer de forme. C’est sous la forme d’une loutre qu’Otr fut tué par Loki pour sa fourrure. Pour dédommager Hreidmarr de la perte de son fils, Loki lui offrit un trésor subtilisé par la ruse à un autre nain métamorphe nommé Andvari.

Parmi les objets donnés à Hreidmarr se trouvait un anneau d’or. Celui-ci avait été maudit par Andvari au moment où Loki lui avait dérobé son trésor. Il était censé apporter à son propriétaire misère et mort. La malédiction fonctionna et s’empara de Hreidmarr, qui chercha à cacher sa magie à ses fils Fafnir et Reginn.

Malheureusement pour le roi nain, ses deux fils ont également été fascinés par les pouvoirs mystiques de l’anneau d’Anvari. Fafnir assassina son père pour prendre possession de la bague ainsi que toutes ses richesses. Puis il se transforma en un redoutable dragon venimeux pour empêcher Reginn de prendre son butin et le chasser. Fafnir conserva sa forme de dragon afin de protéger son trésor de quiconque voudrait s’en emparer.

La fin de Fafnir le dragon

Exilé dans un autre royaume, Reginn fomenta un plan pour récupérer l’anneau. Il demanda à son fils adoptif Siegfried de tuer Fafnir et de lui rapporter le trésor du dragon. Siegfried terrassa Fafnir, mais apprit le plan de Reginn pour l’assassiner. Il tua alors Reginn et garda le trésor pour lui, ainsi que l’anneau maudit. Le pouvoir de la cupidité permit ainsi à la malédiction mortelle de se perpétuer.

Cette légende est un avertissement pour tous les Vikings contre les effets dévastateurs de la cupidité. Elle enseigne également que la richesse ne doit pas s’accumuler. Elle doit servir aux autres afin de construire des communautés bâties sur l’entraide mutuelle et la prospérité.

Fafnir, le dragon de la cupidité, gardant jalousement son trésor et l'anneau d'Andvari.
Fafnir, le dragon de la cupidité, gardant jalousement son trésor et l’anneau d’Andvari.

Le symbolisme du dragon dans la mythologie et la culture nordiques

Le chaos nécessaire à l’équilibre

Les dragons nordiques étaient étroitement associés à des thèmes tels que la mort, la destruction et le chaos. Toutefois, les Vikings ne les considéraient pas comme intrinsèquement mauvais, contrairement aux chrétiens dont les dragons étaient assimilés à Satan et au Mal.

Les Vikings croyaient que l’univers était basé sur un cycle de renaissance et de destruction. Et les dragons dans leurs mythes représentaient la moitié destructrice de cette équation. Le Ragnarök était un tel événement que même les dieux puissants comme Odin et Thor disparurent dans la bataille finale, comme Fenrir et Jormungandr. Le Ragnarök a également marqué le début d’un nouveau cycle de création dans lequel la vie a recommencé.

Contrairement à la façon dont les dragons étaient représentés dans d’autres parties de l’Europe, les dragons nordiques étaient différents. Leur corps long et mince ressemblait à celui des serpents. C’est d’ailleurs pourquoi Jormungandr est souvent appelé le « Serpent de Midgard Â». La plupart ne possédaient pas d’ailes et cracher du feu n’était pas une caractéristique standard. Ils partagent d’ailleurs beaucoup de similitudes avec le serpent-dragon Apophis, le dieu du Mal dans l’Égypte ancienne.

Inspirer la peur dans le cœur des ennemis

Les Vikings fabriquaient des bijoux, tels que des anneaux, des pendentifs ou encore des bracelets avec des motifs de dragon. Ils les incluaient également dans des dessins et des peintures. Mais l’utilisation sans doute la plus frappante et la plus emblématique des dragons nordiques était destinée à semer la terreur parmi les habitants des côtes de l’Europe.

Les drakkars vikings ont transporté des guerriers nordiques vers des côtes lointaines. Leurs infâmes raids leur rapportaient des richesses, laissant derrière eux des scènes de destruction totale. Les navires appartenant à des Vikings de haut rang portaient le nom de navires-dragons. Ils se distinguaient par une tête de dragon en guise de figure de proue. Elle servait à annoncer leur arrivée et à prévenir de leurs intentions violentes.

Certains drakkars, les navires-dragons, arboraient une tête de dragon à la proue destinée à effrayer les populations.
Certains drakkars, les navires-dragons, arboraient une tête de dragon à la proue destinée à effrayer les populations.

Certains navires vikings présentaient une tête de dragon sur la proue et une queue sur la poupe. D’autres navires-dragons avaient une tête de dragon à la fois sur la proue et la poupe. En effet, l’une des principales caractéristiques des navires vikings était de leur capacité à naviguer vers l’avant et vers l’arrière.

On dit que les Vikings retiraient la tête de dragon de la proue de leur navire chaque fois qu’ils voyageaient avec des intentions pacifiques afin de ne pas alarmer les populations. De plus, leurs coutumes dictaient que la tête du dragon soit également retirée lorsqu’ils rentraient chez eux après leurs voyages. Ceci afin de ne pas irriter ou déranger les entités spirituelles de leur Scandinavie natale.

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